GOGOL + : forum "exception culturelle à quoi ?"
[...]
- je comprends pas ce truc d'exception culturelle, c'est une
exception culturelle à quoi ? Une exception aux lois de la
nature ? Une exception aux lois de l'économie libidinale de la
saloperie mondiale ?
- En fait, je crois que c'était un concept développé dans
les années 90, peut-être 93, par l'administration française afin
de faire sortir des négociations du GATT soit General Agreement for
Trade and Taxes orchestré par l'OMC soit l'organisation mondiale du
commerce, donc un concept développé par l'administration française
pour faire sortir des négociations des accords du GATT les
productions audiovisuelles et cinématographiques en retournant la
phrase de Malraux, « le cinéma est une industrie mais c'est
d'abord un art », donc exception sur le commerce de ces
produits ou si tu veux dérogation sur les produits culturels.
- C'est un truc de business alors ?
- Ouais, je crois.
- En tout cas, le terme « exception culturelle »
est pourri,
- Pourquoi ?
- J'sais pas ce devrait être « exception artistique »
parce que, bon, la production de voitures, à mon sens, est aussi
une production culturelle, la voiture, c'est un bien culturel et
c'est important de l'avoir en tête.
- Ouais, je suis d'accord parce que là, dans les perspectives
de pensée qu'ouvrent des concepts creux comme l'exception
culturelle, t'as l'impression que le reste des productions ne sont
pas dans le champ culturel et cela les essentialise. Or bon, les
produits financiers c'est un truc culturel, il est possible
d'imaginer un avenir où ces trucs machins choses n'existeraient
plus. Alors que bon, la production naturelle d'oxygène à partir du
CO2 par les plantes c'est un truc qui à priori doit continuer tout
le temps pour que les humains puissent continuer à respirer et
danser. Même dans tous les scénarios d'avenir possible.
- Ah, bon c'est pour cela que je comprenais pas la pétition
dont j'ai lu vaguement des extraits je ne sais plus où... une
pétition demandant à ce que les écoles d'art soient considérées
comme des exceptions culturelles mais cette fois-ci exception aux
lois de l'éducation nationale.
- Ouais, ceux-là, vu d'ici, ils veulent le beurre, l'argent
du beurre et se faire lécher la moule par le crémier. Ils veulent que leurs étudiants aient des diplomes
reconnus tels des diplomes universitaires mais dès lors qu'il faut
se taper l'enfer de la tutelle administrative qui va avec, c'est
« ah mais nous, nous sommes une exception culturelle »
pour surtout pas avoir à se battre avec les universités pour que
ces lieux de diffusion du savoir ne deviennent pas juste des
succursales des départements recherche et développement des
industriels et des publicitaires au mieux ou des lieux de formation
de bons petits employés modèle de la hierarchie du capital mondial
au pire.
- Comme si l'art mondial officiel n'était pas au service du
capital mondial !
- Ce genre de grande phrase, je n'y crois pas trop, mais il y a
un truc proche du vrai dans la formulation ...
- Je comprends rien : les écoles d'art dispensent des
diplomes maintenant ?
- Ouais, j'imagine que c'est pour permettre aux étudiants de
se monnayer sur le marché de l'emploi.
- Le marché de l'emploi de l'art ?
- Ouais, je ne sais plus quand, j'avais lu un article dans les inrocks qui m'avait déboité la machoire . Il y était question des études aux beaux-arts où était inculqué aux étudiants comment présenter leur projet, comment trouver des financements ..
- J'espère qu'il leur est aussi appris comment critiquer les
modalités de financement des arts !
- En tout cas, si c'est aussi nul que les ateliers de
présentation de projet dispensés dans les pole emploi …
- C'est pour cela que lorsque j'entends des jeunes artistes à
la mode parler dans les médias, j'ai l'impression d'entendre des
moutons faire « bêêê bêêê »
- en tout cas, ils gagnent des sous, eux, au moins !
- Ah ouais, et sur le dos de qui ?
- Un des trucs qui me rend François Hollande sympathique est
qu'il n'a pas l'air fasciné par la mafia des artistes officiels et
des vendeurs de prêt à penser artistique officiel. J'ai lu un
article dans le monde je crois qui relatait une de ses visites à
Arles pour les rencontres photos et la ou le journaliste disait
qu'Hollande n'avait pas eu l'air très ému. M'enfin, le mec il se
balade en délégation officielle, il y a des gardes du corps, des
journalistes, des caméras, des photographes, une foule de
courtisans, comment veux-tu qu'il ressente une émotion
artistique ! je trouve plutot sain, démocratiquement parlant,
que le mec ne se la joue pas « séquence émotion ».
- De toute façon, dans les journaux, il y a quand même un
problème « société de Cour » comme dirait
norbert elias : dès que tu parles culture et art, en général, tu
bascules direct dans un monde de monarchistes limite monarchie
absolue ! l'autre jour, j'ai lu dans le journal « le
monde » un article qui m'a semblé au delà du ridicule sur la
fin du mandat des ex-directeurs du festival d'Avignon... Et la
journaliste de parler de « règne » de machin et truc !
Tu lisais l'article et alors, bon, machin et truc avaient tout
inventé, tout créé, ils avaient régné sur avignon et son
festival !!! les roumains qui lisaient que les Ceaucescu
avaient inventé la poésie roumaine et je ne sais quel moteur à
explosion devaient avoir la même sensation que moi en lisant cet
article. L'incrédulité totale....pince-moi, je rêve, en quel
siècle sommes-nous ?
- Qu'est-ce qu'on a pu voir leurs tronches dans les journaux à
ces deux-là … alors que j'ai l'impression de ne même pas savoir
la gueule qu'avait Crombecque. Sous leur faux air de modestes, çà
puait le culte de la personnalité … Le pire c'était
l'espèce de texte que ces dupont et dupond avaient produit avec
cadiot et marthaler où ils se mettaient en scène… un truc proche
de la littérature produite par Giscard d'Estaing...
- Ouais, bon, je m'en branle un peu. En tout cas, j'ai
l'impression qu'Hollande et Fillipeti insistent sur l'éducation
artistique à l'école et la démocratisation des pratiques des arts
et cela c'est bien, c'est une des voies pour sortir des illusions
des profiteurs et parasites des arts tout en poursuivant la
démocratisation de l'émancipation.
- Tu crois que cela nous permettra de ne plus entendre des
personnes parler avec un ton docte de vérités de la palisse parce
que ceux-là poussent vers la barbarie, je trouve !
- C'est-à-dire ?
- Ben, pour surtout pas leur ressembler … et comme en
général, ils se targuent d'être des cultureux professionnels...
- Ouais, je suis d'accord, je suis pour l'émancipation du
blabla !
- cratos pour tous !
- Tous pour demos !
- Tu nous fais « vingt ans après », là ou quoi ?
- Quoi .
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