Martine lit le journal : l'art de la chute sur la place vendôme

 Martine lisait l'éditorial du journal LE MONDE daté du 21 octobre 2014 qui se trouvait en fin de journal, la une comportant une photo réunissant Martine AUBRY et Manuel VALLS. L'éditorial traitait d'un parallèle entre la chute de la colonne Vendôme lors de la Commune de Paris et la chute de la sculpture éphémère de Paul Mac CARTHY qui n'est pas l'inventeur du maccarthysme qui n'est pas un mouvement artistique. Monsieur Mac CARTHY avait fait installer sur la place Vendôme de la Ville de Paris une sculpture de vingt quatre mètres gonflables intitulé TREE dont la forme conçue par lui stylisait celle d'un arbre mais avait-il été précisé ici ou la reproduisait exactement la forme industrielle de jouets sexuels nommé « plug anal » : les enfants seront contents et les adultes riront (en tout cas pour ceux qui ont l'habitude de s'enfoncer de tels objets dans le derrière et donc en connaissent la forme). Jusqu'ici, rien de nouveau sous le soleil de l'art. Sauf qu'au lieu que la chose se raconte de bouche à oreille et fasse glousser ces messieurs dames en costume, quelqu'un a écrit quelque part : « Oh, regardez cet arbre ! Ce n'est pas une pipe mais un plug anal ! » L'extrême droite bien pensante en a alors profiter pour faire haro sur le baudet : «  quelle horreur ! Quel humiliation pour notre ville et patrie, nos genoux et nos cailloux, blabla, etc. ». Puis des personnes avaient fait tomber la sculpture et il était effectivement difficile de ne pas penser au déboulonnage de la statue de Napoléon en 1870 en voyant les photos. Georges, un ami de Martine, avait d'ailleurs dit pour rire « Incroyable, Courbet manipule l'extrême droite afin de faire un revival place Vendôme ! »Et Martine avait ri, elle était généralement assez bon public. La connaissance historique de cet épisode était somme toute assez vague et pour Martine et pour Georges mais il leur semblait que la façon dont l'éditorial du journal le Monde mariait les deux événements était un contre sens : il existe aussi une gauche bien-pensante. En effet, cet incident ne semblait pas à Martine « une atteinte insupportable à la liberté de création ! » comme certains avaient pu l'exprimer. Faut-il vraiment se battre pour avoir le droit de représenter un « plug anal » de vingt-quatre mètres ? L'artiste Paul Mac Carthy lui même avait convenu que non. Pour ce qu'en savait Martine, l'enjeu de représentation auquel s'était attelé COURBET à son époque était celui de montrer sa classe sociale. A l'époque, montrer
des personnes modestes dans leurs habits noirs et leurs coiffes à l'occasion d'un « enterrement à Ornans » était « révolutionnaire » parce que la bourgeoisie d'alors veut se mirer dans l'huile des peintres et non y voir éterniser des manants. Courbet peint aussi des ouvriers au travail qui rabotent des parquets bien loin des kitcheries de son époque mettant en scène antique cocottes et damoiselles. Il semblait à Martine que présenter Courbet tel un « artiste provocateur » réduisait la pensée politique qui est véhiculée par ses peintures. Pour Martine dire que Courbet savait que le scandale fait vendre était un gros anachronisme : à cette époque, le « marche de 'l'art » n'est pas encore une entité abstraite mais c'est encore un marché très concret avec des marchands, des tableaux et des acheteurs, peu saturé de commentaires. Ce qui fait que vraisemblablement, Courbet peint « l'origine de monde » pour satisfaire le voyeurisme d'un amateur d'art. Martine avait même entendu dire que Courbet aurait d'abord peint toute une pré-scène d'un théâtre d'amour saphique mais le commanditaire ne voulant payer la somme demandée, Courbet aurait alors découpé le tableau en donnant « l'essentiel de la scène » au commanditaire. Une sorte de jouet pour esprit de voyeurs, en quelque sorte. Rien de transcendantal. « Mais déboulonner la statue de Napoléon I représenté en empereur romain et surplombant la voie ! Voilà qui signifie clairement  quant aux représentations du pouvoir », se disait Martine « Quant au pourvoir ou pourvoir des images... rien n'a jamais été prouvé … », se disait Georges.

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