dans les années 90, épisode 445
Dans les années 90, nous étions allé en tournée pour une représentation à la Rochelle, j'avais assisté à la mise en place et au filage de la veille. Dans mon souvenir, le filage fût parfait ; la pièce souffrait de plusieurs handicaps : les costumes étaient affreux, l'accessoire de décor une fausse bonne idée à moitié ratée, ainsi la dentelle de danse peinait le plus souvent à se déployer. Ce jour-là pourtant la danse de madame DUBOC étaient déjà dans les corps puisque les danseurs travaillaient quotidiennement avec elle pour une prochaine pièce et ainsi juste en dansant, la dentelle d'eau ou la brume de danse enveloppait le spectateur : c'était prodigieux, c'était presque rien.
C'était prodigieux, c'était presque rien,
Dans notre souvenir, c'était Françoise M qui avait insisté pour que nous allions diner dans un bon restaurant car le lendemain nous serions plus ou moins obligé de dîner dans le restaurant du théâtre qui comme presque tous les restaurant de théâtre produit une nourriture aseptisée et médiocre et qu'il s'agissait de ne pas rater les crustacés et les huitres de la Rochelle.
Je ne sais pas qui a commencé à commander du vin blanc tout en disant que cela n'était pas raisonnable parce que cela coupe les jambes. Toujours est qu'après ce filage qui avait réveillé tous les possibles dansants du réel , chacun et chacune était très gai, et le repas fut joyeux. Celui-ci nous raconta avoir dansé le boléro de Ravel et Béjart en tant que membre de la foule qui avance un par un vers la femme soliste (interprétée par Jorge Donn dans le film les uns et les autres réalisé par claude LELOUCH). À l'occasion d'une énième représentation, il s'était permis de fumer un peu un joint avant d'entrer en scène. Il partit complétement sur la musique (répétitive avant la lettre) puis se dit à un moment qu'il ne savait plus du tout ou en était la musique et quand cela serait à lui, il leva discrètement un œil ou la tête et vit la foule en transe autour de la soliste et lui et son pote encore assis sur les chaises. Ils décidèrent sans se consulter mais d'un commun accord qu'il valait mieux rester assis en attendant la fin de la pièce que de se lever et rejoindre le groupe. Nous rions tous comme des bossus en écoutant cette anecdote que certains pourraient trouver trop belle mais pour avoir vu le même danseur aller chercher un couteau en coulisses pour aller couper un nœud de corde qui devait se délier d'un simple geste en déployant une magie de tentures, nous pouvions lui accorder notre crédit. Telle autre dit que le fait que le vin blanc coupe les jambes est une fable, qu'au contraire couplé avec les huitres, le vin blanc produit un effet bœuf-waow d'oxygénation et qu'il n'était pas déraisonnable de recommander une bouteille. Etc. Celle-ci racontant que voir un bébé lui donnait envie d'en refaire un aussitôt avant que la réalité économique ne la ramène à la raison ( que la raison économique ne lui rappelle l'impossibilité de), celle-ci racontant cela car un couple avec bébé se trouvait à côté de notre table où chacun fumait également assidument, bref celle-ci se vit questionner sur sa présence photographique dans l'album « fous de danse » des éditions autrement qui avait dans les années 80 était un événement pour tous les fanas de danse dans le désert des publications sur la danse à cette époque. Etc. et blabla. C'est peut-être ce soir-là où Odile raconta comment elle avait perdu son soutien gorge dans son solo sur la musique de Bartók (qu'à l'époque je ne comprenais pas du tout), ou comment elle rechorégraphia sa pièce Insurrection au casque avec le directeur technique dans les coulisses alors qu'une danseuse était tombée dans les pommes au début de la pièce sans qu'aucun spectateur ne s'en rende compte mais il nous semble qu'Odile et Françoise étaient raisonnablement parties se coucher plus tôt que le reste de la troupe, ce qui était assez rare.(en réfléchissant un peu de lumière sur ses coins et autres arcanes de mémoire, il nous souvient que ces deux dames avaient sans doute du retourner au théâtre pour y fignoler la balance son et la conduite lumière) Etc.
et blabla.
Etc.
Le lendemain, le spectacle fut un désastre, les danseurs lourds et leurs danses poussives. Terpsichore résolument absente.
« Bah, Carpe diem » aurait dit Odile Duboc,
Bien sûr, il était plus compliqué de le faire comprendre à des spectateurs ayant payé leurs places et à leurs directeurs de théâtres ayant acheté le spectacle à leur montrer, cependant si l'anecdote est regardée de près, il est aisé de comprendre que tout ce désastre ne serait pas arrivé si le restaurant du théâtre avait produit une bouffe non insipide et non standartisé. CQFD.
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