Dans les années 80, (suite)

Dans les années 80, ma frangine vivait à Genève. Elle logeait au Foyer international de la jeune fille ou au Foyer de la jeune fille internationale .

Elle travaillait dans une librairie. Elle avait fait un apprentissage de libraire où elle avait acquis les savoirs propre à ce commerce d’œuvres de l’esprit. La Suisse était de ce point de vue en avance sur la France où l’apprentissage du métier de libraire n’existait pas car pendant longtemps, en France, la librairie était restée inconsciemment ce lieu d’inspiration protestante qui passe les textes du manuscrit à l’imprimé pour les diffuser, succursale des lieux cultuels avant l’existence même des lieux culturels.C’est pourquoi la figure du libraire avait conservé le halo prestigieux du pouvoir intellectuel de discernement et de la connaissance des textes alors même que la taylorisation des productions culturelles en marche au cours de la seconde moitié du XXe siècle, transformait les libraires en interlocuteur privilégié des V.R.P des maisons d’éditions qui eux-mêmes étaient briefés collectivement par les directeurs commerciaux, marketing et/ou de collection de leur maison d’édition, pour ne pas dire de leur boîte qui rendait des comptes à des actionnaires et pratiquait des audits financiers.

Bref, ma frangine dans les années 80, soit t - 1/? avant la grande vague de rationalisation, modernisation, industrialisation, médiatisation, marketinguisation des moyens de production et diffusion des œuvres de l’esprit devenues biens culturels, bref, dans les années 80, ma frangine travaillait dans une librairie à Genève et logeait au Foyer de la jeune Fille internationale à moins que le foyer international de la jeune fille. Ce foyer était tenu par des sœurs catholiques, il se situait dans le quartier des Pâquis. Ma sœur y avait fait la connaissance de K., fille de diplomates birmans. Bouddhiste, elle nous avait étonnée lorsque venue en vacances chez nous sur la côte bretonne, elle avait refusé que soit gazée une araignée qui avait fait sa toile dans la tente et l’avait simplement déplacée en la sortant de la tente.