les mythologiques
Les années 70 : Mademoiselle Georgette.
Dans les années 70, ma maman m'emmenait au jardin d'enfants qui était au bout du village à côté du village où nous habitions. Il fallait marcher longtemps puis prendre un escalier assez raide et là nous étions au jardin d'enfants qui s'appelait la Ruche ou peut-être le Nid. Lorsque j'arrivais, les autres enfants étaient déjà là et jouaient mais je ne pouvais pas les rejoindre tout de suite car je devais, avant d'aller jouer, faire mes lignes d'écriture et de calcul, mademoiselle Georgette était intraitable, : il n'est pas possible d'aller jouer avant d'avoir fait ses lignes d'écriture et de calcul ! Mademoiselle Georgette était une très grande femme, très élancée, très vieille et toute ridée. Un vrai Giacometti, mais à l'époque je ne dois sans doute pas savoir qui est Giacometti et comment il représente les êtres humains. Une fois, je suis restée déjeuner chez Mademoiselle Georgette. Il y avait aussi un petit garçon qui était resté aussi. Nous avons mangé des steaks hachés et des petits pois dans la cuisine de mademoiselle Georgette qui jouxtait la salle de jeux, d'écriture et de calcul et donnait aussi sur la cour. Mademoiselle Georgette avait fait revenir les steaks haché et les petis pois à la poêle et nous les avait servi mais je n'ai pas souvenir que mademoiselle Georgette ait mangé quoique ce soit. Après nous avons joué dans la cour où se trouvait un poteau auquel était accroché des chaînes de fer : il fallait courir puis se hisser un peu sur la chaine pour s'envoler mais ce n'était pas évident. Une autre fois, nous sommes allées nous promener tout en raccompagnant les uns et les autres chez eux et nous avons croisé ma maman et je suis repartie avec ma maman.
Un jour, dans les années 80, alors que je faisais du ski dans la station de ski où j'ai grandi, j'ai vu Mademoiselle Georgette au loin qui apprenait comment tenir debout sur des skis à un groupe d'enfants. J'étais étonnée de la voir encore vivante puisqu'il me semblait qu'elle avait déjà cent ans quand j'étais dans son jardin d'enfant. Puis j'étais étonnée de la voir, donc à environ cent dix ans, toujours aussi vivante, identique, transmettant un feu de joie inépuisable aux enfants qui montaient une pente en escalier et redescendaient en chasse neige, le tout en tombant cinquante fois. Exactement comme nous l'avions fait avant eux.
Lorsque j'ai eu vingt-et-un ans, mes parents ont reçu un courrier à mon nom. C'était mademoiselle Georgette qui m'invitait ainsi que tous ceux et celles qui fêteraient également leur vingt-et-un ans, soit trois fois sept années, l'âge de la maturité helvéte, bref Mademoiselle Georgette nous invitaient en cette année de devenir adulte à un goûter en fin de journée d'une journée d'automne. Je n'y suis pas allée. Il y avait sans doute des raisons pratiques à cela, peut-être que mes parents n'habitaient déjà plus le village d'à côté. Cependant je me souviens m'interroger en présence d'autres personnes sur le pourquoi aller à ce goûter puisque je ne me souvenais même pas nominalement d'autres enfants. Comme quoi il est possible de savoir comment représenter un vecteur dans un espace à dix dimensions et pas être foutue de comprendre que c'était cette vieille dame qui avait imprimé notre bois alors que tendre qu'il s'agissait d'aller saluer.
Dans les années 70, ma maman m'emmenait au jardin d'enfants qui était au bout du village à côté du village où nous habitions. Il fallait marcher longtemps puis prendre un escalier assez raide et là nous étions au jardin d'enfants qui s'appelait la Ruche ou peut-être le Nid. Lorsque j'arrivais, les autres enfants étaient déjà là et jouaient mais je ne pouvais pas les rejoindre tout de suite car je devais, avant d'aller jouer, faire mes lignes d'écriture et de calcul, mademoiselle Georgette était intraitable, : il n'est pas possible d'aller jouer avant d'avoir fait ses lignes d'écriture et de calcul ! Mademoiselle Georgette était une très grande femme, très élancée, très vieille et toute ridée. Un vrai Giacometti, mais à l'époque je ne dois sans doute pas savoir qui est Giacometti et comment il représente les êtres humains. Une fois, je suis restée déjeuner chez Mademoiselle Georgette. Il y avait aussi un petit garçon qui était resté aussi. Nous avons mangé des steaks hachés et des petits pois dans la cuisine de mademoiselle Georgette qui jouxtait la salle de jeux, d'écriture et de calcul et donnait aussi sur la cour. Mademoiselle Georgette avait fait revenir les steaks haché et les petis pois à la poêle et nous les avait servi mais je n'ai pas souvenir que mademoiselle Georgette ait mangé quoique ce soit. Après nous avons joué dans la cour où se trouvait un poteau auquel était accroché des chaînes de fer : il fallait courir puis se hisser un peu sur la chaine pour s'envoler mais ce n'était pas évident. Une autre fois, nous sommes allées nous promener tout en raccompagnant les uns et les autres chez eux et nous avons croisé ma maman et je suis repartie avec ma maman.
Un jour, dans les années 80, alors que je faisais du ski dans la station de ski où j'ai grandi, j'ai vu Mademoiselle Georgette au loin qui apprenait comment tenir debout sur des skis à un groupe d'enfants. J'étais étonnée de la voir encore vivante puisqu'il me semblait qu'elle avait déjà cent ans quand j'étais dans son jardin d'enfant. Puis j'étais étonnée de la voir, donc à environ cent dix ans, toujours aussi vivante, identique, transmettant un feu de joie inépuisable aux enfants qui montaient une pente en escalier et redescendaient en chasse neige, le tout en tombant cinquante fois. Exactement comme nous l'avions fait avant eux.
Lorsque j'ai eu vingt-et-un ans, mes parents ont reçu un courrier à mon nom. C'était mademoiselle Georgette qui m'invitait ainsi que tous ceux et celles qui fêteraient également leur vingt-et-un ans, soit trois fois sept années, l'âge de la maturité helvéte, bref Mademoiselle Georgette nous invitaient en cette année de devenir adulte à un goûter en fin de journée d'une journée d'automne. Je n'y suis pas allée. Il y avait sans doute des raisons pratiques à cela, peut-être que mes parents n'habitaient déjà plus le village d'à côté. Cependant je me souviens m'interroger en présence d'autres personnes sur le pourquoi aller à ce goûter puisque je ne me souvenais même pas nominalement d'autres enfants. Comme quoi il est possible de savoir comment représenter un vecteur dans un espace à dix dimensions et pas être foutue de comprendre que c'était cette vieille dame qui avait imprimé notre bois alors que tendre qu'il s'agissait d'aller saluer.
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