nous n'avons pas cessé d'être des andouilles A.A.A, (un texte de 2003)
Nous n’avons pas cessé d’être des andouilles A.A.A,
Conte critique de la post-modernité.
Il était une fois un homme qui se sentit son nez lui gratter. Il se gratta le nez à l’aide de son doigt et passa à autre chose. Trois jours plus tard, son nez lui grattant à nouveau, il s’intéressa à la façon de se curer le nez. Chemin faisant, il développa un série de techniques, il expérimenta d’autres façons : avec un stylo, une brosse à dents, n doigt de pied. Il commença à construire des outils pour se curer le nez, les décora, les collectionna. Cette activité changeait sa vie, elle occupait son esprit et lui permettait de découvrir des aspects du monde ne passant. Ainsi, il apprit la gymnastique, la danse, la musique, l’histoire de l’art, les encyclopédies, la natation, la technologie, l’anatomie, la chimie. Il rencontrait du monde, il traversait le monde, il avait trouvé un point d’appui.
Un jour, il découvrit par hasard qu’un homme dans un siècle antérieur s’était également préoccupé de se curer le nez. Il découvrit tout un monde qu’il ignorait jusqu’à présent : les amateurs de l’art de se curer le nez. Il entreprit alors des recherches bibliographiques, courut les bouquinistes. Un jour, il fit la connaissance de groupes qui se réunissaient autour de l’idée et de l’art de se curer le nez. Il était très heureux, il commença à parler avec eux, il était généreux. Il savait pertinemment que l’art de se curer le nez n’a grande importance et souffrait de la grandiloquence avec laquelle parlaient ceux qu’il rencontrait de ce plaisir qu’il avait cru dans son « enfance de l’art de se curer le nez » inventer tout seul. Il s’était construit peu à peu depuis l’art de se curer le nez pour échapper à l’arrogance d’un monde dans lequel il ne se reconnaissait et retrouvait cependant les mêmes travers dès lors qu’un groupe se constituait autour de l’art de se curer le nez. Il se dit alors que peut-être l’art de se curer le nez était suis generis une activité arrogante. Son intérêt se déplaça, il fit la connaissance des spécialistes de brossage de dents, de la coupe des doigts de pieds, du nettoyage des oreilles, de se peigner les cheveux ; il avait cependant de la peine à comprendre pourquoi ceux qui s’intéressaient à se nettoyer pourquoi ceux qui s’intéressaient à se nettoyer les oreilles avaient besoin de dénigrer ceux qui se peignaient les cheveux, ceux qui développaient l’art de se couper les doigts de pieds avaient besoin d’humilier ceux qui se curaient le nez.
Petit à petit, les journaux, la télévision, les espaces publics et les dîners en ville furent rapidement remplis de toutes ces disputatio sur l’intérêt des points de vue. L’homme se dit que tout cela n’était que simple conflits d’intérêts et il se sentit que l’art de se curer le nez auquel il avait consacré une partie de son temps soit lui aussi un cheval de bataille pour qui veut gagner du terrain.
Un personnage public apparut un jour à la télévision pour lancer un programme politique : il fallait réconcilier le peuple avec l’art de se curer le nez, de se nettoyer les oreilles et de se peigner les cheveux. L’homme se souvint alors qu’au début, c’était une histoire simple, il avait senti son nez lui gratter, il s’était curé le nez sans y penser.
Ceux qui se coupent les ongles de doigts de pied manifestèrent leur mécontentement sous le prétexte qu’ils avaient été oubliés dans les programmes politiques.
Et puis soudain, l’arène politique fût envahie par ceux qui voulaient éradiquer les nez, les oreilles, la peau, la langue, les yeux et les psychés. L’homme se dit que le principal avait été oublié : tout cela était des aces simples, c’était simplement pour s’occuper qu’ils s’étaient développés. Alors des personnes se mirent à parler : « Pendant que vous dissertiez sur l’art de se curer le nez, j’ai été violé au nom de l’art de se brosser les dents, j’ai été volé au nom de l’art de se couper les ongles de doigts de pieds, j’ai été humilié et frappé au nom de l’art de se peigner les cheveux. » Un peu honteux. Ceux qui se curaient le nez découvrirent que leurs oreilles étaient bouchés, ceux qui se brossaient les dents que leurs nez étaient enrhumés, ceux qui se coupaient les ongles des doigts de pieds que leurs cheveux étaient tombés. Ils se regardèrent et se réconcilièrent. Ils brûlèrent alors les traces de la folie qui les avait attrapée, ils modifièrent les archives et effacèrent les traces de ce qu’ils avaient été.
Pourtant, l’homme qui avait été le témoin de tout cela continue d’errer ici et là pour raconter cette histoire. Parce que même aujourd’hui que tout cela est terminé, lorsque quelqu’un se cure le nez, se nettoie les oreilles, se peigne les cheveux, se coupe les ongles de pied, il ressent une sorte de culpabilité qu’il lui est impossible à expliquer.
Juillet 03
Conte critique de la post-modernité.
Il était une fois un homme qui se sentit son nez lui gratter. Il se gratta le nez à l’aide de son doigt et passa à autre chose. Trois jours plus tard, son nez lui grattant à nouveau, il s’intéressa à la façon de se curer le nez. Chemin faisant, il développa un série de techniques, il expérimenta d’autres façons : avec un stylo, une brosse à dents, n doigt de pied. Il commença à construire des outils pour se curer le nez, les décora, les collectionna. Cette activité changeait sa vie, elle occupait son esprit et lui permettait de découvrir des aspects du monde ne passant. Ainsi, il apprit la gymnastique, la danse, la musique, l’histoire de l’art, les encyclopédies, la natation, la technologie, l’anatomie, la chimie. Il rencontrait du monde, il traversait le monde, il avait trouvé un point d’appui.
Un jour, il découvrit par hasard qu’un homme dans un siècle antérieur s’était également préoccupé de se curer le nez. Il découvrit tout un monde qu’il ignorait jusqu’à présent : les amateurs de l’art de se curer le nez. Il entreprit alors des recherches bibliographiques, courut les bouquinistes. Un jour, il fit la connaissance de groupes qui se réunissaient autour de l’idée et de l’art de se curer le nez. Il était très heureux, il commença à parler avec eux, il était généreux. Il savait pertinemment que l’art de se curer le nez n’a grande importance et souffrait de la grandiloquence avec laquelle parlaient ceux qu’il rencontrait de ce plaisir qu’il avait cru dans son « enfance de l’art de se curer le nez » inventer tout seul. Il s’était construit peu à peu depuis l’art de se curer le nez pour échapper à l’arrogance d’un monde dans lequel il ne se reconnaissait et retrouvait cependant les mêmes travers dès lors qu’un groupe se constituait autour de l’art de se curer le nez. Il se dit alors que peut-être l’art de se curer le nez était suis generis une activité arrogante. Son intérêt se déplaça, il fit la connaissance des spécialistes de brossage de dents, de la coupe des doigts de pieds, du nettoyage des oreilles, de se peigner les cheveux ; il avait cependant de la peine à comprendre pourquoi ceux qui s’intéressaient à se nettoyer pourquoi ceux qui s’intéressaient à se nettoyer les oreilles avaient besoin de dénigrer ceux qui se peignaient les cheveux, ceux qui développaient l’art de se couper les doigts de pieds avaient besoin d’humilier ceux qui se curaient le nez.
Petit à petit, les journaux, la télévision, les espaces publics et les dîners en ville furent rapidement remplis de toutes ces disputatio sur l’intérêt des points de vue. L’homme se dit que tout cela n’était que simple conflits d’intérêts et il se sentit que l’art de se curer le nez auquel il avait consacré une partie de son temps soit lui aussi un cheval de bataille pour qui veut gagner du terrain.
Un personnage public apparut un jour à la télévision pour lancer un programme politique : il fallait réconcilier le peuple avec l’art de se curer le nez, de se nettoyer les oreilles et de se peigner les cheveux. L’homme se souvint alors qu’au début, c’était une histoire simple, il avait senti son nez lui gratter, il s’était curé le nez sans y penser.
Ceux qui se coupent les ongles de doigts de pied manifestèrent leur mécontentement sous le prétexte qu’ils avaient été oubliés dans les programmes politiques.
Et puis soudain, l’arène politique fût envahie par ceux qui voulaient éradiquer les nez, les oreilles, la peau, la langue, les yeux et les psychés. L’homme se dit que le principal avait été oublié : tout cela était des aces simples, c’était simplement pour s’occuper qu’ils s’étaient développés. Alors des personnes se mirent à parler : « Pendant que vous dissertiez sur l’art de se curer le nez, j’ai été violé au nom de l’art de se brosser les dents, j’ai été volé au nom de l’art de se couper les ongles de doigts de pieds, j’ai été humilié et frappé au nom de l’art de se peigner les cheveux. » Un peu honteux. Ceux qui se curaient le nez découvrirent que leurs oreilles étaient bouchés, ceux qui se brossaient les dents que leurs nez étaient enrhumés, ceux qui se coupaient les ongles des doigts de pieds que leurs cheveux étaient tombés. Ils se regardèrent et se réconcilièrent. Ils brûlèrent alors les traces de la folie qui les avait attrapée, ils modifièrent les archives et effacèrent les traces de ce qu’ils avaient été.
Pourtant, l’homme qui avait été le témoin de tout cela continue d’errer ici et là pour raconter cette histoire. Parce que même aujourd’hui que tout cela est terminé, lorsque quelqu’un se cure le nez, se nettoie les oreilles, se peigne les cheveux, se coupe les ongles de pied, il ressent une sorte de culpabilité qu’il lui est impossible à expliquer.
Juillet 03
Commentaires
Enregistrer un commentaire