Forum « Vox populi, vox dei ».
- J'ai été un peu étonnée ces derniers jours parce que j'ai lu dans la presse des trucs au sujet des partis dits populistes qui ne correspondent pas du tout à ce que j'avais appris.
- C'est-à-dire ?
- Ben, un populiste c'est quelqu'un qui va caresser le populaire dans le sens du poil pour conquérir le pouvoir et qui, une fois le pouvoir acquis, s'en sert pour son usage personnel ou celui de son clan ou de sa clientèle.
- Qu'est-ce que cela veut dire « caresser dans le sens du poil » ?
- Ben, par exemple, lorsque j'avais entendu à la télé SARKOZY dire grosso modo que « bon devoir lire la Princesse de Clèves pour passer le concours d'entrée de LA POSTE, bon, c'était vraiment pas nécessaire ! » je me souviens avoir demandé à mon père si il ne trouvait pas cela populiste.
- Et en quoi cela caresserait le populaire de dire que « lire la Princesse de Clèves ce n'est pas nécessaire ».
- Ben, tu vois, le style d'argument « l'histoire est un peu chiante, cela a été écrit il y a plusieurs siècles, ceux et celles qui postulent au concours d'entrée de LA POSTE ne s'en serviront jamais dans leurs carrière professionnelle, blabla ». Or bon, je trouve cela important d'affirmer que « ok, cela ne sert à rien pour la carrière, mais cela sert pour l'entrée ».
- Je comprends ce qu'elle dit. Les mecs et les meufs se plaignent d'avoir à lire le bouquin mais ensuite une fois qu'ils ou elles l'ont lu, ils ou elles seront contents. En général, ils ne sont pas dupes eux-mêmes de leurs grosses conneries, ils savent très bien qu'ils ou elles sont des branleurs et ils ou elles préfèrent ceux ou celles qui les obligent à se bouger le cul. Donc le « populiste » ainsi que tu le définis ne devrait pas avoir de succès.
- Ouais, mais parfois, la colère du « populaire » est justifiée et donc c'est plus compliqué de faire la part des choses entre le larron qui saisit l'occasion et l'homme politique qui a des solutions.
- Par exemple, quand HOLLANDE dit en 2012 « mon ennemi c'est la finance », il est populiste, c'est cela ?
- Oui, par exemple, mais nous ne le saurons qu'une fois qu'il aura été élu et qu'il ne fera rien contre les mauvaises pratiques d'une certaine finance.
- T'es sûr qu'il n'a rien fait ?
- En fait, si je comprends bien, il n'aurait pas été populiste, si il avait tenu un discours responsable différenciant la bonne finance qui est nécessaire au développement de l'économie capitaliste et la mauvaise finance qui a des pratiques de sauvage pour faire du fric vite fait.
- Est-ce qu'être populiste c'est être putassier alors ?
- Ouais, mais dans ce que j'ai lu dans les journaux, certains analystes parlent de parti populiste dès lors que leurs leaders en appellent aux peuples. Et c'est à mon avis un gros problème conceptuel de penser ainsi en démocratie politique.
- Oui, parce que la démocratie, par définition, c'est le pouvoir du demos.
- Le pouvoir du peuple par le peuple...
- Je comprends que cette référence au « peuple » sente le souffre puisqu'elle peut rappeler les pires souvenirs des rhétoriques fascistes, national-socialiste ou pétainistes, mais il faut surtout se rappeler que ces partis avaient un discours et des pratiques, ils étaient précisément des caricatures de partis populistes qui disent blanc et critiquent noir pour une fois au pouvoir faire dix fois plus noir que noir !!!
- Genre Marine LE PEN qui critique la corruption et le gâchis d'argent public pendant que son parti organise la communication politique pour ses candidats avec une agence qui facture des campagnes deux fois le prix afin de se faire rembourser par l'état...
- Par exemple ...
- De toutes les façons, je parle toujours de peuples au pluriel, pour justement éviter la tentation totalitaire : il y a plusieurs peuples, il existe des forces populaires, qui doivent être distinguées de la force de la masse. C'est la masse qui est toxique, pas les peuples.
- Oui, mais pour la production industrielle, la masse c'est plus intéressant.
- Pourquoi ?
- Moi je dirais « parce que les peuples se débrouillent alors que la masse est captive. »
- Je crois que c'est surtout parce que les peuples existent indépendamment de l'industrie alors que la masse résulte de la production industrielle.
- Nous n'avons pas encore mesuré le bouleversement engendré par l'apparition des industries culturelles...
- Ben, t'as qu'à faire l'analogie avec les industries agroalimentaires et t'en auras une idée...
- Et vous oubliez les industries relationnelles mieux connu sous le nom sympa de « réseaux sociaux »...
(à suivre).
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