Les aventures de Martine, un épisode à la K Dick.
Martine avait
marché toute la journée et avait près de cinquante kilomètres
dans les pattes. Elle s'était arrêté près d'un enclos où se
trouvaient deux chevaux et leur donnaient des carottes qu'elle avait
dans son sac et qu'elle achetait en prévision lorsque le kilo de
carottes était inférieur à un euro. En effet, Martine était en
grande négociation diplomatique concernant le sort des communautés
humaines avec les Centaures et faisait preuve ainsi, d'une certaine
façon, de démagogie électorale. Elle entendit alors dans son dos
la voix d'une hydre « oh la la la, des carottes ! ».
Martine se retourna et vit non distinctement une femme-hydre qui la
regardait avec l'air amusé de celle qui regarde une imbécile. Avec
l'air amusé d'une imbécile qui regarde qui elle veut réduire à
un(e) imbécile. Martine, polie, lui demanda si les chevaux étaient
à elle et la femme-hydre dit que « non ». Martine ayant
fini ses offrandes aux êtres qui transitent et habitent par les corps équins,
et étant allergique aux hydres, lui souhaita une bonne journée et
lui dit « aurevoir madame ». Mais les Hydres sont
collantes et la femme commença à marcher à ses côtés en
s'adressant aux chevaux qui étaient des juments « Oh la la, il
a l'air gourmand celui-là, oh tu es gourmand, toi ! »
Martine ne pouvait s'empêcher de penser à une prostituée cherchant
à apâter le client régressif ou alors à « une vieille qui
en veut » comme disent les adolescents. « Il doit y avoir
un problème d'aiguillage cosmique, se disait Martine, pour que ce
genre de personnes m'approche alors que le style maman
punissante-lubrique ne fait pas partie de mes fantasmes. »
Martine se rappelait cet épisode télévisé de « Cosmos
1999 » qui l'avait traumatisé dans son enfance où une sorte
d'araignée géante apparaissait dans le mur d' un engin spatial et
aspirait les cosmonautes. Elle pensa aussi aux femmes blondes leurres
dans Mattrix que Koltès nomme, lui, dans son ouvrage « les
nuits juste avant la for^^et » , « la salope
internationale ». Toutefois, Martine trouvait que « hydre »
désignait mieux cette sorte de traitre à la condition humaine. La
condition humaine selon Martine, s'entend. Ce faisant, Martine avait
pressé le pas et l'hydre n'était plus qu'un point silencieux et
insignifiant dans la nuit.
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