de l'importance d'être constant
Victor YERLY m’a dit que lorsqu’il
était un jeune séminariste lors d’une discussion avec un
protestant en cure celui-ci lui avait dit admirer l’apparat des
messes catholiques : « Vous, lui disait ce jeune
protestant, vous avez des costumes brillant, de l’encens, c’est
plus facile de tenir un public. »
Victor YERLY m’a dit qu’il se
souvenait de cette femme de diplomate en poste à l’ONU à Genève
qui avait arrêté de boire et qui ne cessait de répéter « mais
depuis, qu’est que c’est triste ! »
Victor YERLY m’a dit qu’alors qu’il
avait décidé de ne plus se destiner à la prêtrise, qu’il ne
sentait pas très bien dans l’existence, il s’était retrouvé
face à un médecin psychiatre psychanalyste qui officiait à Béthune
et qui était connu des milieux ecclésiastiques. Mon père
n’arrivant pas à parler, le médecin lui proposa une piqure. Mon
père ne se souvint pas de ce qu’il a pu dire mais disait-il :
« Après, j’étais soulagé ».
Anne YERLY m’a raconté que Victor
YERLY lui avait dit qu’après avoir quitté Neuchâtel, il avait
pris une chambre dans la rue des Panoyaux à Paris dans une pension
où se trouvait de nombreux portugais, qu’il fréquentait des cours
à ..la Sorbonne.. en auditeur libre, puis qu’ un jour, il s’est
habillé en civil et a fait une demande de réduction provisoire à
l’état laïc. « du provisoire qui dure » était
d’ailleurs une phrase qu’il disait volontiers.
Mon père m’a montré la fiche de
police dont il avait fait l’objet lors de la mini hystérie
maccarthyste en Suisse. La fiche est en carton vert, rédigée
allemand. Les noms des officiers rédacteurs sont masqués. La fiche
commence alors que mon père reçoit à la gare de Neuchâtel le
conseiller culturel d’URSS qui lui apporte des bobines d’un film
d’Eisenstein. Jeune vicaire, il anime un ciné-club. La fiche se
poursuit avec une description : mon père est qualifié de jeune
homme intelligent, aimé des paroissiens. Il m’avait semblé que
son intelligence désignée dans un rapport secret de police
constituait pour mon père une preuve importante qu’il n’avait
pas été fou. D’ailleurs, il aimait à nous dire alors que nous
faisions du chahut : « Ohé, du calme ! nous ne
sommes pas à Charenton, ici ! ».
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