JE ME SUIS AMUSEE à REECRIRE L’INTERVIEW DE NICOLAS BOURRIAUD PARUe DANS ART PRESS 354. (suite)
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Vous dîtes que la postmodernité se caractérisait par la question
« d’où viens-tu ? », ne croyez-vous pas que cette
question est essentiellement moderne induite par les notions de
liberté, d’égalité et de fraternité propres aux promesses de la
modernité politique entérinée par la Révolution française de
1789.
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Je ne suis pas d’accord avec vous, je pense que nombre d’hommes
et de femmes ont posé la question « d’où viens-tu ? »
à leur mari, femme, amants, maitresses, enfants, etc.. lors de
la période classique, voire antique.....
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Oui, bien sûr, donc, la question « d’où viens-tu ? »
n’est pas caractéristique de la période postmoderne, ne
croyez-vous pas plutôt que la question « T’es où ? »
propre à l’essor des moyens de communication mobile et à
l’incertitude grandissante quant à nos positions, soit plus
caractéristique de la postmodernité ?
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Je présuppose que cette question existait également auparavant pour
des personnes noyées dans la brume ou pour les aveugles et ce, sans
doute déjà au moyen-âge.....
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Soit. Passons à la notion de pénurie que vous évoquez telle une
prise de conscience récente qui marquerait le passage à une
nouvelle ère qualifiée d’« altermoderne », cependant,
si vous aviez lu Rosa Luxembourg, vous auriez pu dès le vingtième
siècle dire que l’abondance d’ici n’existait qu’au prix de
l’augmentation de la pénurie là, et ce déjà en période
moderne, voire dada. La postmodernité ne pointe-elle pas justement
l’instrumentalisation des discours progressistes propre au
messianisme moderne et donc ne serait-elle pas au contraire une
attitude morale encore plus nécessaire pour l’actuel ?....
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Vous voudriez dire que vouloir évacuer la notion de postmodernité
serait le vœu profond de ..la City.. de Londres ? ....
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Oui, en partie ou peut-être, il s’agit plutôt de préciser que le
point de vue postmoderne est loin d’être périmé puisqu’il
existe encore des personnes exerçant des responsabilités
importantes qui continuent à réfléchir en terme de « masse »
et continue d’envisager leurs actions comme guide de la « masse ».
Voyez les médias et les discours des médiateurs, voire la
concurrence absurde des « médiateurs » des institutions
culturelles avec les œuvres elles-mêmes
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Je ne suis pas d’accord, certaines personnes préfèrent jouer de
la guitare avec un médiateur. ....
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Un médiator ?
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Albator ? Je connais ce discours considérant les médiateurs de
l’art comme les parasites de l’art qui créent des bulles et
prélèvent des droits de douane à l’entrée,.
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Qui créent des voiles et s’approprient ce dont témoignent les
œuvres.....
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Que voulez-vous dire ?
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Rien de spécial, il s’agit plutôt de souligner que les discours
des critiques d’art contemporain n’ont pas à rivaliser avec
l’objectivité des discours mathématiques qui s’occupent des
formes mais au contraire d’ injecter dans leurs topiques des
considérations propres aux lois humaines que les mathématiques
seraient bien en peine de considérer et ce pour des raisons
d’épistémé. .
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Ah, bon ? Vous voulez dire que les critiques d’art
contemporain lorsqu’ils envisagent les œuvres réalisées se
doivent de considérer l’arrière-plan des guerres internes à
l’humanité qui n’auraient rien à voir avec la matière ?
avec la chose ? avec la prose ? avec la gnose ?.
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Disons les mathématiques dialoguent avec les sciences physiques
depuis plus de quatre mille ans , les pratiques artistiques sont plus
versatiles, elles dialoguent avec la philosophie, les mathématiques,
la théologie, les pensées et actions politiques, les pensées
économiques, les pensées esthétiques, etc......
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Vous voulez dire quoi, qui trop embrasse mal étreint ?
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A rose is arose is arosen
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Se cacher derrière une réponse formelle ne conduit pas à la forêt
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La langue du bois n’est pas de bois.....
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