Remix "nous nous sommes amusés à réécrire des articles parus dans art press 348"
Envers
et retour en avant . Il est des oeuvres que nous regardons
différemment; parce qu'elles ont en elles la prémonition ou le
sentiment de leurs auteurs. C'est sans doute pour cela que sont
édités des romans posthumes et inachevés : parce qu'il parle de
l'achévement et du retour vers le commencement. Milan KUNDERA n'a
cessé d'écrire sur cette idée et Wim WENDERS tenta d'en faire un
film (L'Etat des choses, _____). Quant à Jörg IMMENDORFF, il a
laissé des oeuvres qui semblent de ne pas lui ressembler. C'est au
moment où il se rapproche de sa réconciliation envers et avec
lui-même par l'acceptation de sa fin que ses oeuvres laissent
apparaître la matière des peintures. Les squelettes brandissant une
faux, coupes anatomiques, corps écorchés, bébés à deux têtes et
ruines antiques deviennent non morbides et étrangement familières.
Et l'ombre d'une représentation de singe, cousin ancêtre de
l'artiste, de faire le ménage à grands coups de balai dans ce
fatras de signes et d'images contenant les oeuvres même d'IMMENDORFF
. Le documentaire de Nicola GRAEF, ich immendorf (2007) permet
d'appréhender ce qui se passait dans l'atelier. Le peintre s'est
laissé filmer jusqu'à sa fin. Au travail avec ses assistants, il
regarde, observe, critique ce qui se passe et d'être peint.
L'artiste est le témoin des oeuvres en train de se faire. Et c'est
sans doute pour cela que ces tableaux sont si réussis. L'artiste en
est le passeur. [...] dans une apocalypse transfiguré joyeuse par
les arts. ____________________________________________________
"Je
me suis longuement interrogé sur la manière de représenter une
nouvelle monstration de ce que j'ai fait, il y a si longtemps".
[...] D'une part, les remix sont peints avec la fougue du plagiaire.
L'artiste durant la scéance de travail conserve à portée de main
une reproduction de l'original. Repeindre la fulgurance et
l'évanescence d'un souvenir du peindre ouvre une mémoire spatiale
de celui qui a peint à l'instant où c'était peint. Poursuivre un
tableau c'est peut-être poursuivre cet instant , en retrouver un
récit que la peinture contient. [..] "je peins une nouvelle
image laquelle peut contenir ce qui dans les autres peintures
n'auraient pas été aperçus. L'oeil peut poursuivre une figure dont
le peintre peut anecdotiquement croire ne pas avoir été explorée
auparavant." Sur ce point le remixage, en ce qu'il remet au
jour, révèle des visées panéoptiques, comme le passage d'un
tableau, bouleversement apparent de la surface des oeuvres.
L'exercice de Repeindre ses propres tableaux est presque analogue aux
exercices de repeindre les grandes oeuvres dans l'apprentissage de la
peinture pour former la main des apprenti(e)s. Dans la nouvelle
version de La grande Nuit dans le sceau, le personnage hébété,
brandissant son sexe est désormais affublé d'une moustache et d'une
chevelure coiffée en raie sur le côté, l'apparentant ironiquement
à un sosie d'Adolf Hitler, "mauvais" peintre par
excellence, symbole de tous les "wanna be". [ou écrivant
en creux les interrogations : un homme qui bande est-il
nécessairement un nazi en puissance , ou la puissance d'un homme qui
bande est-elle nécessairement nazie ?]. [..]
Dans
les représentations des imaginaires dominants au XIX e siècle
occidental, [..] De la part d'un artiste de soixante-dix ans qui se
sait passeur et permet ainsi de révéler l'étrangeté polymorphe
des oeuvres. [...] "faire carrière, se vendre cher, être aimé
et exposé n'est peut-être rien à voir à côté de la recherche du
travail des oeuvres."
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