Papy MEUJOT lit les journaux.


Papy MEUJOT lisait le portrait de mademoiselle Eve PLENEL fille d'Edwy,dans le journal Libération. En raison de son grand âge, Papy MEUJOT était bien conscient que l'exercice de la biographie en disait plus sur l'époque que sur la personne. Et il y avait là une forte densité de connerie mondialisée : « Que demander de plus ? Eve PLENEL tombe à pic, symbolisant la relève. Sa façon de faire est, comme elle dit, de son temps. Ça a un côté « entrepreneuriat social », expression qu'elle aime bien. « Moi, je suis à l 'aise dans la construction d'outils pour que les gens fassent. Mettre en place des coordinations, dessiner des axes de travail, de l'engineering, oui, cela me va. Comme j'aime la fonction d'employeur, dans le sens de garantir un cadre de travail efficace et agréable aux gens avec qui je bosse. » C'est elle qui dit encore : « Quand ta famille écrit des livres tous les ans, toi tu fais autre chose. Tu fais des tableaux Excell, par exemple. » » Papy MEUJOT avait déjà remarqué cette entrée dans les discours publiques du « tableau Excell » soit le tableau de données par excellence et s'interrogeait sur le pourquoi du comment. « Notre société est technocratique, c'est peut-être une façon de se mettre en valeur, avait suggéré Josette, ou d'en boucher un coin aux générations qui ne savent pas ce qu'est un tableau EXCEL, parce que bon quand tu sais ce que c'est et que tu sais t'en servir, c'est bon, tu ne vas pas parler pendant deux heures de classeur de tableaux de données, d'une calculatrice de statistiques avec présentation en camembert. Le calcul des médians et des moyennes en lui-même n'a pas de signification ! » « Quand les gens n'ont plus rien à dire sur le fond, ils parlent de la forme, s'était dit Papy MEUJOT. »
Papy MEUJOT poursuivait sa lecture : « Certes … mais c'est grâce à ses parents, et c'est logique que l'adolescente va rencontrer ceux qui vont la marquer. « Mes parrains » , comme elle le dit. « Il y a Isabelle Saint-SAËNS, une des personnes les plus incroyables que j'ai pu connaître, c'est elle qui m'ouvre, dès 1995, sur les mouvements des sans papiers, la cause des sans-droits, avec l'Eglise Saint-Bernard, tous ces mouvements des années 90, parmi lesquels Act Up a joué un rôle déterminant. » Papy MEUJOT avait lui compris tout autre chose des années 90 où ces dits « mouvements » n'était qu'une écume médiatique qui masquait des mouvements de fonds de pillage des Etats et de liquidation des structures sociales par la mise en place d'implants quasi psychique par le new management. « Un aveu quand même, elle a du mal quand elle est en contact direct avec ceux qui sont perdus, comme les taulards, les sans papiers, les malades : « le contact est compliqué pour moi, car je suis en empathie totale, sans aucune mise à distance. » Papy MEUJOT ne put s'empêcher d'éclater de rire : « ben, oui, c'est un problème pour beaucoup de personnes ! Les nazis pensaient régler ce problème en éliminant de telles personnes ! Il est bien sûr socialement plus acceptable de mettre autour d'eux un cordon sanitaire de personnes précaires et mal payées, déprimées ou devenues dingues ou stupides ! » ¨Papy MEUJOT pensa à quel point il serait difficile de faire comprendre à de telles personnes qu'elles ne sont pas de gauche parce que tout simplement elles ne peuvent pas l'être : leur petit confort matériel, intellectuel et même moral volerait en éclat ! « D'où vient la richesse, ma jolie ? Cet argent que tu te targues de trouver pour défendre tes projets associatifs machin, d'où vient-il ? A qui a -t'il été volé ? »
La possibilité de ne plus lire les journaux effleurait Papy MEUJOT. « Cela me fatigue beaucoup trop pour rien, se disait -il pour se rassurer. » La vérité était qu'il ne supportait plus ces personnes qui sont persuadées d'oeuvrer pour le bien « Il n'y a rien de plus effrayant que de tels gens. Pour ma part, je me contente d'essayer de limiter le mal, et c'est déjà si épuisant... »

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