Josette en vacances de son boulot d'espionne rousse du réel.




Cela faisait déjà six jours que Josette était dans un bus. Elle aurait juré avoir pris un ticket pour un voyage de deux à trois heures, mais bon, nul ne peut être sûr de quoi que ce soit par les temps qui courent parfois le cent mètres, et le ravitaillement était assuré, bon et gratuit. Seuls ceux et celles qui fumaient râlaient car il n'avait été prévu, dans les ravitaillements, nul paquet de cigarettes. « C'est l'occasion rêvée pour arrêter de fumer ! », leur avait dit le chauffeur du bus.
Il faisait nuit maintenant et la plupart des passagers dormaient, on ne voyait par la fenêtre que des lumières fuyantes et des formes mouvantes. Josette sortit de son sac un recueil de poètes anonymes du début du XXIe siècle et commença la lecture . Le poème faisait suite à un poème intitulé « Autopsie du corps de la reine », était en prose et s'intitulait « REVOLTE D’INSOUMIS » :

Elle négligeait les avancées et rédigeait en aveugle des mots de chaire d’universitaires renvoyés. Leurs claires études négligeaient le fait de servir un dessin dont nul et quelque chacun ne souhaitait opportun d’en décliner le dessein.
Il fallait jouer à se tuer, il fallait jouer à s’aimer, le temps pourrait créer l’illusion de la résolution. Nous mangions, nous mentions, négligions nos mastications, pour servir des missions de vendus par omission. Nous déclarions dévotion à des désirs absurdes condamnées à croire à d’antiques misères.
Misérables nos conditions, amer placard de nos déceptions, nous ne désirions plus tolérer l’innommable : nous nous déclarions nues sans que nul ne l’ait vu.
Désirez le voir pour ne pas le savoir, désormais que nul ne soit fait de cette triste obsession dont vous cachiez l’absolution, pour qu’ensemble nous découvrions qu’il existe bien des récifs aux voyages des éternels.


Josette eut la sensation étrange d'avoir elle-même écrit ce poème, ce pohème de poèchie, dans une époque antérieure à moins que paradoxale ou parallèle.
  • Cela m'arrive sans cesse, dit une voix derrière elle.
Josette se retourna et reconnut Georges
  • Çà alors ! Pour une surprise … commença Josette.
  • Ce n'est pas un surprise.
(à suivre)
[question anecdotique pour les fans et l'auteur : est-il si sûr que Georges et Josette se connaissent ?]

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