Louise et les chics types en stéréo, ou le bovarysme sifflera trois fois.


Louise poursuivait sa lecture aléatoire de l'ouvrage parcouru dans son enfance avec son père soit cent ans d'histoire de France raconté par Emmanuel BERL.. Louise lisait la page trois cent vingt trois intitulée « Reines du music-hall » : « Le music-hall de 1900 n'est pas moins prospère que le théâtre. Aux Folies-Bergère, institution nationale, et même mondiale, s'ajoute le Casino qui prétendra rivaliser avec lui, et que bientôt Gaby DESLYS illustre par ses amours royales et ses jarretières incrustées de pierres précieuses. TABARIN, MARIGNY, le MOULIN-ROUGE font eux-aussi des salles combles où le ublic s'enchante de voir « le Quadrille » célèbre qui continue le second Empire, d'entendre Yvette GUILBERT détailler suavement « le Fiacre » et « Madame Arthur ».
Le Paris de 1900 regorge de cabarets de flonflons et de chansons : cabarets de Montmartre : le Ciel, l'Enfer, l'Abbaye de Thélème, le Rat mort, bals musette de la rue de Lappe ; cafés chantants de Ménilmontant, de Belleville. Il possède et mobilise pour l'Exposition une équipe de chanteurs sans rivale : BRUANT d'abord, puis les « quatre grands », MAYOL, DRANEM, POLIN, FRAGSON, qui chantent « cousine », « les petits pois », « ma tonkinoise », « vous êtes si jolie »... Tout le peuple de Paris fredonne ces chansons, le monde entier les répète. A chaque carrefour, on entend, sur les orgues de barbarie, les refrains célèbres qui « se vendent un sou ». après un demi-siècle, et quoique les paroiers français aient conclu avec les poètes des alliances efficaces, l'année 1900 reste la « grande époque » de la chanson. Si elle a ses quatre grands, le music-hall a ses trois grandes : la Belle Otéro, Liane de Pougy, Emilienne d'Alençon, couritsanes illustres et comblées ; leur prestige rappelle celui des « lionnes » du second Empire et annonce ceu des « vamps » que produira le cinématographe. Jean de TINAN se promettait d'écrire un livre sur « Cléo de Mérode, considérée comme symbole populaire ». Paris est fier que ces dames soient les amies des rois, de Léopold II, d' Edouard VII, d'Alphonse XIII. Il a besoin de ces légendes, il ne se lasse pas d'entendre arler de leurs caprices, et de leur luxe, de savoir qu'Otéro s'est enfuie de chez le grannd-duc Nicolas en sautant par le fenêtre, de contempler son collier de perles qui, écrira Colette, « vaut un royaume ». Ces dames laissaient sur les tables de casino plusieurs milliards de francs légers. Et les grands de ce monde avaient à cœur de subvenir à leurs dépenses illimitées. Car elles ne sont pas seulement des objets de désir (sans doute « les déshabiller était une vaste entreprise qu'il fallait préparer de longue main, comme un déménagement ») mais elles sont aussi l'incarnation du luxe parisien, la rue de la Paix faite femme, l'éclat pierreries et des perles que déversent sur elles BOUCHERON et CARTIER. On admire leur biographie non moins que leur beauté : Liane de POUGY qui épousera le prince GHIKA , divorce, se remarie avec lui, et finit dans un couvent de Lausanne, offre au public un type parfait de ces destins hors série. »
Louise s'était endormie à côté du livre d'images.

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