LOUISE et les chics types en stéréo, ou le bovarysme sifflera trois fois. : épisode suivant le précédent.





Cette semaine-là, Louise s'était offert le journal « le Canard Enchaîné » (1,20 €)pour des raisons sentimentales. En effet, le titre de une contenait le texte « ...que mon dentier nous envie.» et depuis la mort de son père, Louise n'avait plus entendu quelqu'un lui parler de « son dentier » . Il faudra à Louise encore trois jours pour comprendre qu'il y avait là non pas du tout son père continuant à lui parler de son dentier au travers du Canard Enchaîné mais un jeu de mots.
Cependant, Louise avait beaucoup ri d'emblée à la lecture de l'article relatant une prestation de monsieur Christian ESTROSI, maire de Nice, sur la chaîne de télévision BFMTV : « Prié de préciser ses critiques vis-à-vis du quinquennat de son ami SARKOZY, le Niçois assure que l'ancien président « est le mieux placé pour faire sa propre autopsie ». Stupeur des journalistes qui s’esclaffent «  Autopsie ? Le mot est dit (…) donc Nicolas Sarkozy doit faire son autopsie ? » ESTROSI s'enfonce : « Mais je fais la mienne ! Nous devons tous faire la nôtre ! ». En sortant de l'émission, ESTROSI finit par admettre sa boulette et corrige sur Twitter, son « autopsie » en « autocritique ». » Louise avait ri d'emblée. Un rire franc et massif.
Trois jours plus tard, alors qu'au sein même de son esprit le rapprochement entre « monde entier » et « mon dentier » avait eu lieu, Louise riait encore du lapsus d'ESTROSI « nous devons tous faire notre autopsie ! Hahahah ! » Louise riait encore quand lui parvint dans un écho lointain la phrase « Le Roi est mort ! Nous devons tous
faire son autopsie ! ». Louise se souvint alors avoir écrit plus de dix années auparavant un pohème, un pohème de poèchie, intitulé « Autopsie du corps de la reine ». Elle retrouva dans un coffre deux versions imprimées sur du papier, deux versions dont l'une était mieux que l'autre :
« AUTOPSIE DU CORPS DE LA REINE.
Sabotage à l'abordage

Il ne restait qu’à changer de registre :
Persuader Egisthe
Qu’Hamlet a bien fait,
Convaincre Pénélope
D’achever le motif,
Consoler le Cyclope
Du crime commis d’Ulysse ,
Rejoindre tous les monstres abandonnés,
De ces lyriques Récits, malins complices :
Par ma présence témoigner
de ce qu'ils sont, abandonnés, supplice
Livré à quelques caprices de pages refermées.

A moins qu’il ne me soit requis
D’apparaître, celui ou celle, dont le désir harki,
Seraient de les syndiquer, de les révolter
De cette condition de drôle de sort,
Où fixés, figés, presque embaumés,
Les contraintes du style, sourd, noir et retors,
Les avaient forgés.
De cette beauté vautour, je les libérerai.

Désormais, nouveau masque !
Je te raconterai ceux qu’au nom des fantasques
Laissé oubliés et meurtris,
Les rebuts, les perclus,
Pourtant ouvriers fourmis fidèles
Aux nécessités du Récit
Et dont les vies inutiles selon Elle
Ont été sacrifiées sur l’autel
Du corps de la Reine, mère belle.

De la beauté de celui-ci
Nous voudrions qu’apparaisse
La figure du cadavre qu’il est
Suant des meurtres commis
Des autres corps qu’il tue,
Et dont son haleine pue.

Ode à ceux sans attache
Que l’on cache, que l’on malgache,
Des oreilles qui l’entendront, grondera la vache
musique de nos circuits. Et des têtes seront coupées
De ceux qui avaient enterrés toute culpabilité
Et qui, sous le nom de Beauté,
Trônaient sans vergogne
Dans des salons toc borgne.

Des basses-cours ainsi dévoilées
Des hideux desseins et des actes mesquins,
Les paroles de crapaud et les méchants desseins
Qui en raison du coût de la vie veulent régner sans partage,
Jaillira le sang réclamé
par les monstres créés
Par ceux-là même qui feignaient
D’en mépriser la nécessité.

Mort et Outrage ne seront que remis à la Table
Pour qu’ensuite soit envisagé
Quelque chose de la liberté partagée.
Sous la rage, le Sable.
Des vagues, sans mirage
Des corps nus, simple simplicité,
Des épopées en partage,
De modestes félicités. »



Louise fût impressionnée par cette lecture : « waow ! C'est vachement bien ! Est-ce vraiment moi qui l'ait écrit ? Se demandait-elle »
«  Non ; c'est moi ! » lui répondit le dentier de son père,resté posé sur la table de chevet dans la chambre de ses parents.
« Non, c'est moi ! » répondit « mon dentier ».

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